21

Les quatre cerveaux disposés au-dessus du medihologramme avaient chacun une taille et une forme bien distinctes. Le plus volumineux revêtait une silhouette oblongue avec un léger gonflement vers le bas. Le plus petit était comme une fleur fanée rattachée à une espèce de champignon palpitant. Pour trois des quatre cervelles étudiées, d’éclatantes couleurs témoignaient d’une impressionnante activité. Les ondes alpha bidimensionnelles qui fendaient l’air juste au-dessus de chacun des hologrammes étaient encore plus parlantes. Trois des structures cérébrales étaient absolument indifférenciables, avec des fréquences et des amplitudes identiques. La quatrième onde, en revanche, localisée sous la masse bleuâtre d’un cerveau humain, modulait de façon si irrégulière que les oscillations venaient à disparaître au beau milieu du holo.

— Très drôle, Jacen. (Luke fronça les sourcils en direction du relaxi-fauteuil dans lequel son neveu était étendu, en train de regarder à travers la verrière d’une imposante hotte scanner.) Tu veux bien arrêter de jouer avec le conditionneur cervical, s’il te plaît ?

— J’essaie juste de le régler, c’est tout. (Le quatrième cerveau devint totalement blanc.) Ce truc-là ne vous apprendra absolument rien. C’est à vous de décider si on est, oui ou non, dignes de confiance.

— La confiance importe peu, dit Corran Horn. (Tout comme Luke, Mara et plusieurs autres Maîtres Jedi, il se tenait dans la zone d’isolation de l’infirmerie à l’académie Jedi d’Ossus.) Nous essayons simplement de comprendre ce qu’il vous est arrivé.

— Cela n’a rien à voir avec les Killik, fit remarquer Tesar.

— Nous avons ligaturé la fusion mentale, ajouta Tahiri.

— Et maintenant, nous formons une sorte de conscience commune et permanente, conclut Tekli.

Bien que Luke soit au courant des problèmes que la fusion mentale avait engendrés chez les survivants du commando, il soupçonnait les nouveaux symptômes d’être davantage liés aux Killik. Un jugement entièrement partagé par le Maître guérisseur de l’ordre Jedi.

Luke se tourna vers Cilghal.

— Qu’en pensez-vous ?

La Mon Calamari le dévisagea avec ses yeux bulbeux.

— Je pense qu’ils se… trompent.

— Qu’ils se trompent ? répéta Kyp Durron, avec son manque habituel de tact. Ou bien qu’ils mentent ?

Tesar Sebatyne commença à repousser sa hotte scanner.

— Tesar ne…

— Du calme, Tesar. (Luke lança à Kyp un regard agacé.) Je suis persuadé que Maître Durron ne voulait pas te manquer de respect.

Ne prenant pas la peine de s’excuser, Kyp continua de fixer Cilghal.

— OK. Pourquoi pensez-vous qu’ils… se trompent ?

— Parce que l’activité se situe aux mauvais endroits.

Cilghal pianota un ordre et la structure visqueuse à peine plus grande qu’un pouce se mit à briller au cœur de l’hologramme cervical de Tahiri.

— Avec la fusion mentale, l’hypothalamus répond aux réverbérations émotionnelles à l’intérieur de la Force, expliqua Cilghal. Un usage prolongé peut l’élargir et, de ce fait, le rendre hypersensible. Les adeptes de la fusion mentale deviennent alors si liés les uns aux autres que leurs esprits se mettent à lire les réverbérations, un peu comme des émetteurs-récepteurs lisent les ondes. C’est à ce moment précis que la fusion devient télépathie.

— Et qu’en est-il de leurs sautes d’humeur ? demanda Corran.

Cilghal pianota de nouvelles données et une sorte de bréchet avec deux longues queues incurvées apparut au-dessus de l’image de l’hypothalamus de Tahiri.

— Du fait de l’utilisation discontinue, l’effet se propage dans tout le système limbique et chacun des adeptes de la fusion mentale peut influer sur les émotions des autres.

Les Maîtres étudièrent le « bréchet » qui devenait plus épais et plus sombre. Ils étaient tous au courant des risques associés à la fusion. Mais c’était la première fois que Cilghal leur en expliquait les véritables mécanismes.

— Et où se situe l’autre activité ? finit par demander Corran.

Cilghal entra une nouvelle information. Une structure fibreuse d’environ dix centimètres de long apparut au-dessus du système limbique de Tahiri et sous ses deux hémisphères cérébraux.

— La structure du corpus callosum a changé, poursuivit Cilghal.

Alors qu’elle parlait, l’hypothalamus et le système limbique devinrent tout pâles, et une sorte de glycolemme jaune et brumeux se forma à leur place. Ce voile que vous voyez est composé de dendrites suspendues. Il nous indique que Tesar, Tekli et Tahiri sont en train de s’envoyer mutuellement des impulsions cérébrales.

— Et Jacen ? demanda Mara.

— C’est difficile à dire. Il n’a été présent qu’une fraction de seconde, comparé aux autres.

— Et que veulent dire ces impulsions ? demanda Kyle Katarn. (Avec les cheveux bruns, les yeux marron et une chemise brun clair enveloppée entre deux lanières marron, il ressemblait davantage à un fermier de retour des champs qu’à l’un des membres les plus célèbres et compétents de l’ordre Jedi.) Vous pensez que ce sont des impulsions de Force ?

Cilghal secoua sa tête allongée.

— Je ne crois pas. D’après les dires de Maître Skywalker, les Killik ne sont pas sensibles à la Force. Elle fit un pas en arrière et ajouta : Je soupçonne ces impulsions de se déplacer à travers leurs auras.

— Leurs auras ? demanda Kenth Hammer. (Grand, le visage harmonieux et la stature digne, ce Jedi était doté d’un esprit vif.) Pour moi, les auras ne sont qu’une absurdité digne des Fallanassi.

— Pas du tout, dit Cilghal. Chaque individu est entouré d’une aura d’énergies subtiles – chaleureuses, électriques, magnétiques et même chimiques – dont certaines peuvent s’étendre jusqu’à dix mètres.

— Nous vous croyons sur parole, fit Luke. Mais vous, avez-vous confiance ?

— Absolument pas, rétorqua Cilghal. Il va falloir que je fasse quelques tests pour confirmer mes hypothèses.

— Les tests sont inutiles, coupa Tekli. Ils ne révèlent jamais rien.

— Notre problème concerne la fusion mentale, insista Tahiri.

— Nous n’avonz pas besoin de tests pour zavoir ça, admit Tesar.

Luke et les autres Maîtres échangèrent quelques regards confus : l’insistance avec laquelle les trois Jedi rejetaient la faute sur la fusion mentale devenait de plus en plus irrationnelle.

— Cilghal, vous avez dit que leur corpus ça… er… enfin, quoi que ce soit, a changé. Comment cela est-il arrivé ? Est-ce à cause de leurs auras ? demanda Luke.

— Probablement pas, répondit Cilghal. La plupart des insectes se reposent entièrement sur leurs phéromones pour réguler leurs existences. C’est là que mes soupçons se sont éteints.

— Ça tient debout, en effet, admit Mara. Les nids étaient remplis de phéromones.

— Vous êtes en train de dire qu’une odeur a modifié la structure des cerveaux de nos Jedi ? demanda Corran.

— Les phéromones ne sont pas que de simples odeurs, expliqua Cilghal. Ce sont des produits chimiques extrêmement puissants. Ils sont à l’origine d’une multitude de comportements – et de changements physiques – chez la quasi-totalité des animaux de la galaxie.

— Et ils modifient la structure d’un cerveau ? demanda Corran, apparemment peu convaincu.

— Tout peut modifier la structure d’un cerveau, reprit Cilghal. Dès que vous apprenez quelque chose de nouveau, que vous développez un savoir-faire ou que vous sollicitez un souvenir, votre cerveau établit de nouvelles connections afin d’emmagasiner et de rendre accessibles les informations.

— Et donc, il suffit de passer suffisamment de temps dans un bain de phéromones pour que notre cerveau se remodèle complètement, c’est ça ? demanda Mara.

— Exactement, répondit Cilghal. Surtout lorsque les phéromones s’insinuent par le nez. Pour la majorité des espèces, l’odeur agit directement sur le cerveau.

— Et vous êtes sûre que ces Chevaliers Jedi se trompent ? redemanda Kyp, au grand dam de Luke. Vous ne croyez pas plutôt qu’ils mentent ?

— Nous ne mentons pas ! (Tesar se leva, envoya valdinguer sa hotte scanner et pointa une de ses griffes dans sa direction.) Nous le jurons !

Luke atteignit Tesar et les autres au cœur de la Force. Il ressentit un sentiment d’indignation, de trouble, ainsi que la double présence, faible et distante, d’un Affilié – mais il ne perçut aucune malhonnêteté. Les trois Jedi semblaient certains de dire la vérité.

Luke utilisa la Force pour forcer Kyp à s’excuser, mais le Jedi à la coiffure hirsute l’ignora et soutint le regard furieux de Tesar.

— Dans ce cas, prouve-le ! dit Kyp. Dis-moi pourquoi vous avez accepté de quitter Qoribu ?

Le bout de la langue fourchue de Tesar surgit d’entre ses crocs, et la colère exprimée dans ses pupilles fendillées se mua lentement en admiration.

— Excellent, Maître Durron, dit Tesar. Personne n’avait senti venir cette question.

— Je suis ravi d’avoir encore quelque chose à enseigner, rétorqua Kyp. Veux-tu bien me répondre, fichu lézard ?

— Bien sûr, dit Tahiri en quittant son propre relaxi-fauteuil. Il vous suffisait juste de demander.

— Eh bien, c’est ce que nous faisons, dit Mara.

— Nous zommes venus pour convaincre le conzeil de venir en aide aux Killik, expliqua Tesar. La Colonie ne peut opter que pour la guerre si elle veut stopper les Chisz.

— Et les Jedi peuvent user d’autres moyens de pression, ajouta Tahiri. C’est mieux pour tout le monde.

— C’est aux Maîtres du conseil d’en décider, coupa Kenth. Et qui nous dit que vous respecterez notre choix ?

— Pourquoi ne le ferions-nous pas ? s’indigna Tahiri.

— Les Chisz sont rezponsables d’un génocide, ajouta Tesar. Nous devons intervenir.

— Immédiatement. (Tekli releva sa hotte scanner et vint rejoindre les autres, ne laissant plus que le cerveau de Jacen – tout doré et palpitant – visible sur le medi-holo.) Les Jedi ne sont-ils pas censés se rassembler pour aider les faibles et les opprimés ?

— Les Jedi sont liés entre eux par bon nombre de devoirs, bien souvent contradictoires, dit Kenth. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle nous faisons appel aux conseils Jedi. Je vous le demande une nouvelle fois, respecterez-vous notre choix ?

Le trio resta un instant silencieux, puis Tahiri et Tekli baissèrent les yeux. Quant à Tesar, il déclara :

— Tout dépend de la décizion.

Kenth et Corran eurent un net mouvement de recul. Kyp Durron se contenta de sourire.

— En tous les cas, voilà une réponse pour le moins honnête.

— Dans la mesure du possible, observa Cilghal avant de se tourner vers Luke. Je n’aime pas remettre en question leur intégrité, Maître Luke, mais tout ce qu’ils disent peut paraître suspect. Nous ne devons jamais oublier que leur jugement a été perverti par la même entité qui leur a déjà envoyé le SOS.

Tesar dévisagea ouvertement Cilghal.

— Vous insinuez que nous ne zommes pas dignes de confiance ?

— Oui. C’est exactement ce que j’insinue, répondit Cilghal.

Tesar regarda Luke, puis Kyp, avant de reposer les yeux sur Luke. Puis il frappa le sol avec sa queue et retourna s’étendre dans son relaxi-fauteuil.

Tahiri prit instantanément sa relève.

— Nous ne méritons pas ça. Vous n’avez pas le droit de nous traiter comme des Sith !

— Tu as sûrement raison, fit Kenth. Mais avant d’en savoir un peu plus au sujet de ces attaques mystérieuses sur Yoggoy et Qoribu, nous préférons rester sur nos gardes.

— Par touz les moyenz, c’est za ? lança Tesar.

— Vous devriez peut-être nous expliquer quelles sont vos inquiétudes, non ? demanda Luke en se tournant vers Cilghal.

La Mon Calamari acquiesça.

— C’est très simple. La fusion mentale provient toujours de l’extérieur. Mais là… ce lien semble provenir de l’intérieur. Les choses que nos Jedi voient – ou entendent, sentent ou goûtent – sont ressenties personnellement. Même les pensées qu’ils partagent semblent provenir de leurs propres esprits.

— Donc ils ne savent pas si leurs pensées sont les leurs ou bien celles de quelqu’un d’autre ? demanda Mara. Peut-être peuvent-ils ignorer les pensées extérieures, comme nous le pouvons dans la fusion mentale ?

— J’ai bien peur que vous ayez raison, dit Cilghal. Selon toute probabilité, il est impossible de faire la différence.

Les Maîtres étudièrent silencieusement Tahiri et les autres jeunes Jedi. Leurs visages trahissaient la même déception et la même inquiétude que celui de Luke. Cilghal allait probablement trouver un moyen d’annihiler les modifications dans leur structure cervicale. Mais les patients se montraient vraiment peu coopératifs. Et le processus s’annonçait long et laborieux.

— Eh bien. Voilà qui nous en dit déjà beaucoup. Ils n’ont certainement plus aucun libre arbitre, finit par observer Kenth.

— Ou peut-être paz, admit Tesar. Mais za ne veut pas dire que nous nous trompons au zujet de Qoribu.

— Demandez au Maître Skywalker, dit Tekli. Ils ont tous les deux vu Jwlio. Ils peuvent témoigner de ce que les Chiss ont fait à la lune.

— C’est vrai, fit Luke. Mara et moi sommes restés sur Jwlio suffisamment longtemps pour observer un certain nombre de choses. Et il est clair que les Chiss sont en train d’essayer d’éloigner les Killik du système.

— Et il est d’autant plus clair que les Killik n’ont pas les ressources nécessaires pour fuir, ajouta Mara. A la vitesse où vont les choses, le résultat ne peut conduire qu’à une guerre ou à une extermination. Ou pire encore, aux deux.

Tahiri rayonna, Tesar laissa apparaître un large sourire reptilien et Tekli rabattit ses oreilles vers l’arrière.

— Pourquoi ? demanda Corran.

— Pourquoi quoi ? répéta Tesar en se levant.

— Pourquoi est-ce que les Chiss feraient une telle chose ? demanda-t-il. Les Chiss sont xénophobes et cachottiers, mais ils ne sont pas expansionnistes. S’ils essaient d’éloigner les Killik, c’est qu’ils ont une bonne raison.

— Ils craignent que la Colonie ne vienne empiéter zur les territoires, dit Tesar. C’est ce que dizent les Affiliés.

— Il y a plus que ça, fit Mara. Si tous les Chiss étaient vraiment inquiets pour la sécurité de leurs frontières, ils attendraient qu’un nid lance une offensive, puis ils attaqueraient.

— C’est juste, admit Luke. Quelque chose au sujet des Killik effraie tellement les Chiss qu’ils veulent à tout prix les éloigner de leur empire.

— Il faut que vous le leur demandiez, dit Tahiri.

— Nous ne devrions pas avoir à le faire, fit remarquer Kenth. N’est-ce pas le premier devoir d’un Jedi que de comprendre les motivations des deux parties en guerre ?

Tahiri le fixa avec un air de défi.

— Nous étions occupés.

— A zauver des innocents, ajouta Zekk.

— Et à observer ce qu’il se passait, fit Kenth. Les deux camps sont plus que jamais prêts à entrer en guerre.

— Peut-être, dit Tekli. Mais nos erreurs ne devraient en aucun cas condamner les nids de Qoribu.

— Et elles ne devraient pas forcer les Jedi à entamer une action que les Maîtres n’ont pas autorisée. Nous devons avant tout veiller à la stabilité de l’Alliance Galactique, intervint Corran.

— Non. (Kyp Durron surprit tout le monde en prenant le parti de Tahiri.) Les Jedi ne sont pas des mercenaires. Notre premier et unique souci concerne notre conscience. Nous devons nous y soumettre. Et peu importe où elle nous mène.

Octa Ramis, qui était restée silencieuse, se rallia à la thèse de Kyp, puis Kenth prit la défense de Corran. Kyp réitéra sa théorie et la discussion se mua progressivement en dispute. Tahiri, Tekli et Tesar gardèrent le silence, heureux de voir leurs défenseurs se débattre pour eux. Luke jeta un œil à Jacen, qui continuait de créer d’élégantes volutes de lumière au milieu du holo de son cerveau, puis il se fraya un chemin au milieu de la mêlée improvisée.

— Assez ! Le tumulte commença à s’estomper et il ajouta : Ce n’est pas le moment de nous disputer. Il faut que nous jetions un œil aux tests de Cilghal et que nous écoutions le rapport de nos Chevaliers Jedi.

Il y eut un long silence embarrassé, puis Kyp rougit et baissa les yeux.

— Je me suis laissé submerger par mes émotions. Veuillez tous m’en excuser.

— Ce n’est rien, lui dit Corran en lui tapotant l’épaule. Nous étions tous un peu remontés.

— Maître Skywalker a raison, ajouta Kyle. Nous sommes ici pour écouter.

— Et pourtant, vous ne m’avez pas encore écouté.

On aurait dit que Jacen ne se tenait seulement qu’à un mètre du groupe. Mais lorsque Luke se tourna, il ne vit que l’image de son neveu en train de flotter au-dessus du holopad. Le véritable Jacen était toujours étendu dans son relaxi-fauteuil, les yeux dans le vague.

— OK, Jacen, dit Luke. Nous aimerions beaucoup entendre ton rapport.

L’hologramme se mit à palpiter dans un tourbillon de couleurs irisées et la ligne alpha située juste en dessous se mit à trembloter au point de se muer en une grosse voix caverneuse, à mille lieux de celle de Jacen.

— Les Killik sont de bien dangereux amis. Mais ils ne sont en aucun cas nos ennemis, déclara solennellement le cerveau. Le véritable danger ne repose pas dans les actes des Jedi, mais dans leur incapacité à agir.

L’effet fut exactement celui que Jacen attendait. Il y eut un silence pesant, et tous les Maîtres se mirent à réfléchir à la signification des mots de Jacen.

Luke alla jusqu’au tableau de contrôle.

— Très drôle, dit-il en le désactivant. Ne t’avais-je pas dit d’arrêter de jouer avec le conditionneur cervical de Cilghal ?

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